Chapitre 10

 

Guiséia et Toller repartirent trois jours plus tard. S’il y eut des questions à Béthély, personne ne les formula en présence de Lisbeï. On estima sans doute que l’ancienne Capte d’Angresea était maintenant une Bleue, libre de faire ce qui lui chantait. Twyne fut contente de revoir sa mère, même brièvement. Guiséia manifesta son plaisir de constater une fois de plus l’excellent taux de survie des enfantes de Maxime d’Angresea. En voyant Cynria, elle dit simplement à Lisbeï : « Elle te ressemble. ». Avec Mooreï, elle parla de la photographie de Garde, des commentaires de Stellane. D’Angresea avec Antoné, et même de la mort de Sylvane, en lui disant : « Tu vois, Kélys avait raison, il était trop tôt pour publier tes recherches. Il est encore trop tôt. Nous n’en savons toujours pas assez. » Et Antoné, tristement, acquiesça. Avec Tula, Guiséia parla de la flotte de l’Ouest, des répercussions de l’Assemblée d’Entraygues, de Belmont, des recherches sur le froid en cours à Angresea (l’épidémie de rougeole n’était pas terminée). Elle ne parla guère avec Kélys. Mais à aucun moment elle ne parla du journal de Garde ou des Mauterres.

Toller ne disait presque rien. Quelquefois son regard croisait celui de Lisbeï ; elle ne se dérobait pas, lui non plus. Elle souriait un peu, lui aussi, et leurs yeux se détournaient alors.

Au moment de leur départ, dans le hall, elle se retrouva avec Guiséia ; les autres étaient quelques pas en avant. Guiséia s’arrêta, se tourna vers elle, la tête rejetée un peu en arrière pour la regarder, avec un écho de son ancienne ironie : « Tu as grandi, murmura-t-elle comme pour elle-même. Tant pis.

— Pourquoi pas tant mieux ? » dit Lisbeï.

Guiséia esquissa une petite moue tout en continuant à l’observer. Puis sa lumière s’adoucit, vacilla un peu : « Nous aurons besoin de toi.

— Je sais, dit Lisbeï, la gorge un peu serrée. Moi aussi. »

Guiséia hocha la tête, la regarda encore un moment puis se détourna et rejoignit les autres dehors. Toller était déjà à chevale. Lisbeï s’approcha de lui. Il ôta son gant, lui tendit la main. Elle la prit dans les siennes, sans hésiter. C’était une grande main fine et forte en même temps, chaude aussi. Lisbeï sourit à Toller en clignant des yeux à cause de la réverbération du soleil sur toutes les surfaces mouillées de la cour et des Tours : « Prenez soin de vous deux.

— Il faudra bien.

— Vous le pouvez. »

Il la regarda un moment, le visage à contre-jour, mais la lumière toujours claire en lui, hésitante un peu, puis plus ferme : « Je suppose que oui. »

Elle le lâcha, il fit tourner sa chevale.

« Oh, Lisbeï, dit Guiséia en fouillant dans ses sacs. Je t’avais apporté un cadeau, à Entraygues. Avec tout ce qui s’est passé, j’ai oublié de te le donner. »

Elle lui tendit un petit paquet dur, sans doute une boîte, enveloppée avec soin dans du tissu à rayures bleues et jaunes, les couleurs de Béthély. Puis elle fit pivoter sa chevale à son tour après un dernier salut de la main.

C’était une boîte carrée en bois incrusté de nacre. À cause des matériaux, il fallut un moment à Lisbeï pour réaliser que le motif décoratif était un cube en perspective, plein et creux. Avec un sourire, elle ouvrit la boite. À l’intérieur, sur du satin d’un rouge violacé, il y avait le collier d’émail cloisonné de l’artisane de Baïanque, le collier bleu et rouge de l’Échange. Après l’avoir contemplé un moment, elle se le passa autour du cou, par-dessus le fil d’or de la loupe, tâtonna pour faire jouer le fermoir.

« Attends, dit Tula, je vais le faire. »

 

* * *

 

La vie reprit à Béthély. La vie reprend toujours, écrivit Lisbeï dans son journal, amusée mais en même temps reconnaissante. À mesure que novème passait – un peu plus froide que d’habitude, avec quelques journées au ciel bleu coupant comme elle les aimerait toujours – elle prenait la mesure de Béthély, apprenait à se l’adapter ou à s’y adapter, selon les cas. Elle avait annoncé son intention d’aller dans les Mauterres malgré la décision de la Famille, calmement, sans défi. Elle comprit aux réactions que bien peu, en définitive, avaient pensé qu’elle accepterait d’aller à Callenbasch d’abord. On ne semblait pas trop lui en tenir rigueur. On était réprobatrice, mais dans un registre plus désolé, voire résigné, que scandalisé. La vieille Berta, l’ancienne capte forgeronne, résuma l’opinion générale : « De toute façon, on ne peut pas l’en empêcher. Et s’il faut que quelqu’une y aille, autant que ce soit elle. »

Lisbeï, à qui Kélys rapporta ce commentaire, se demanda s’il y avait là-dessous un « au moins nous en serons débarrassées une fois pour toutes ». Mais ce n’était pas le cas. Pendant le mois écoulé, la Famille, chacune des Bleues, des Rouges et des Vertes de Béthély, avait été obligée de prendre sa propre décision, de façon réfléchie. On avait remis en question ses certitudes, ses craintes et, de proche en proche, la place de Béthély dans le Pays des Mères, du Pays des Mères dans la Tapisserie d’Elli. On était certaine que Lisbeï en avait fait autant de son côté : c’était son devoir comme c’était son droit de choisir ensuite autrement que Béthély. Arriverait maintenant ce qui devait arriver ; au moins, on avait une idée de ce qui pouvait arriver, on ne serait pas prise au dépourvu. Et on avait réaffirmé l’unité, la force de la Famille et de ses croyances, en permettant à Lisbeï d’affirmer son propre choix.

Lisbeï n’était pas sûre que la Famille eût conscience de ce paradoxe, mais quant à elle, il lui convenait fort bien.

Vers le début de décerne, avec un mélange d’incrédulité amusée et de vague inquiétude, elle se dit qu’elle devait couver quelque chose. Le rhume qui avait failli se déclarer après sa promenade sous la pluie s’était dissipé, comme d’habitude. Mais quelque chose n’allait pas. Depuis trois ou quatre jours, elle se réveillait avec des nausées ; cela passait vite et il n’y avait pas d’autres symptômes, mais c’était désagréable. Est-ce qu’elle avait attrapé la rougeole, tout compte fait ?

Antoné l’examina avec perplexité : « Toi ? Et avec un mois de latence ? Sûrement pas ! Voyons, tu n’as rien mangé de spécial… Pas de fièvre, pas de céphalées, pas de maux d’estomac à part ces nausées… »

Lisbeï sentit que la Médecine s’efforçait de ne pas être inquiète. « Je ne suis plus à la garderie, Antoné, dit-elle pour la rassurer, en souriant.

— Sylvane ne l’était pas non plus, murmura enfin Antoné en se détournant pour ranger ses instruments.

— Mais il n’y a aucun rapport, voyons », protesta Lisbeï en riant presque. Elle se sentait vraiment très bien. En fait elle se sentait mieux qu’elle ne s’était sentie depuis longtemps. C’était seulement désagréable de se réveiller en ayant envie de vomir.

« Qui a envie de vomir ? » dit la voix souriante de Mooreï qui, invisible, venait d’entrer dans le bureau d’Antoné, attenant à la petite salle d’examen. « Quelqu’une est enceinte ? »

Antoné se retourna, crut comprendre l’expression de Lisbeï, lui caressa la joue : « Essaie de surveiller ce que tu manges, soupira-t-elle. Il y a peut-être un rapport. Et dis-le-moi si ça se reproduit, oui ? »

Mooreï arriva sur le seuil de la salle et dit, un peu embarrassée : « Oh, Lisbeï, je n’avais pas reconnu ta voix…

— Ce n’est rien », dit Lisbeï.

Pourquoi elle alla droit chez Kélys après cela, elle l’ignore. Elle pensait qu’elle devait peut-être en parler à Tula mais elle se retrouva devant la chambre de Kélys.

L’exploratrice ouvrit, la vit sur le seuil, la tira dans la pièce, ferma la porte : « Quoi ? »

D’une voix entrecoupée, Lisbeï lui expliqua. « Mais c’est absurde, n’est-ce pas ? conclut-elle en s’efforçant de rire, sans trop de succès. Peut-être quelque chose de Belmont ?

— Belmont n’est plus contaminée ainsi.

— Mais le Musée, peut-être…

— Non. »

Comment pouvait-elle en être si sûre ?! » Je serais malade aussi.

— Mais, Kélys, ce n’est pas possible ! Je suis une Bleue ! Je l’ai toujours été ! »

Kélys lui prit la main, la dévisageant avec intensité, de tout près, comme si elle avait voulu pénétrer sous sa peau, dans son corps. « Peut-être que tu ne les plus, dit-elle enfin, les yeux un peu plissés. Ça peut arriver. Tu as vingt-cinq années, c’est très tard. Mais ce n’est pas impossible.

— Mais Toller en est un ! Il a quarante ans ! Ça arrive, ça aussi ?! »

Kélys recula un peu, les sourcils froncés. « C’est…moins plausible », murmura-t-elle au bout d’un moment.

Elle se redressa, fit quelques pas, les mains croisées derrière le dos, se retourna vers Lisbeï : « De toute façon, il est peut-être un peu trop tôt pour formuler ce genre d’hypothèse, tu ne crois pas ? Il y a malheureusement bien des maladies qui peuvent commencer par des nausées. » Elle ajouta à mi-voix : « Bien qu’elles soient en général accompagnées d’autres symptômes. Attendons. Je le regrette, mais c’est tout ce que je peux te dire, comme Antoné. »

Il y a les examens habituels mais c’est encore trop tôt, elle m’a dit. Et de toute façon je sais bien que c’est complètement absurde ! Si Mooreï ne l’avait pas dit, je n’y aurais même pas pensé ! Absurde. Même si, par quelque processus incompréhensible, j’étais devenue subitement une Rouge, Toller ne le peut pas. IL n’y a pas de mâle qui ait duré au-delà de trente-six ou trente-sept années, même les nôtres. À plus forte raison les Angresea, même si elles vivent longtemps. Il n’y a aucun rapport. Je devrais peut-être plutôt me demander pourquoi je n’arrive pas à m’ôter cette idée de la tête, alors quelle est si évidemment, si irréfutablement absurde. Quelle histoire suis-je encore en train de me raconter sans bien m’en rendre compte ?

Mais elle eut beau retourner la question dans tous les sens et couvrir des pages de carnet en essayant de reconstituer exactement ce qui s’était passé cette nuit-là, tout restait d’une simplicité déroutante. Elle entre Toller et Guiséia, Guiséia entre elle et Toller, elle se rappelait très clairement chaque caresse, chaque geste, et l’étonnement de ne pas être étonnée, et toutes ces nuances différentes de plaisir, le leur, le sien, et la lumière, jusque dans ses ombres. Dans les ombres, peut-être, un indice caché ? Mais les ombres restaient les ombres, elle ne pouvait expliquer ces zones d’inconnu qu’en disant « c’était Guiséia », « c’était Toller », « c’était moi » : chaque personne, distincte, différente, même au moment des convergences si intensément partagées…

Elle continua à avoir des nausées le matin. Et à avoir faim, ensuite, très faim. Elle commença à prendre un peu de poids. Vers la mi-ellième, Kélys préleva des échantillons de sang et d’urine. Et vint la trouver plus tard. « Même impossibles, les faits sont les faits, dit-elle sans préambule. Tu es enceinte, Lisbéli. »

 

* * *

 

Une fois au courant et tandis que Mooreï et Antoné demeuraient muettes de stupeur, Tula posa une seule question : « Veux-tu la garder ? »

Et Lisbeï s’entendit répondre, sans avoir réfléchi : « Si elle se garde, oui.

— Pas ici », dit Kélys.

D’abord perplexe, Lisbeï vit les expressions atterrées des autres, comprit en un éclair. Nemdotta. L’enfante serait hors lignées. On découvrirait que Toller s’était faussement fait déclarer Bleu. Et si Lisbeï, subitement devenue Rouge, avait procréé avec lui – après être allée dans des Mauterres, en plus, même bénignes – elles seraient hors-la-loi toutes les deux, des renégates. On les stériliserait, on les exilerait. Et l’enfante… Si elle naissait, et si elle naissait vivante, et normale, et survivait… elle serait nemdotta. On la laisserait vivre, on n’était plus au temps des Ruches – et même au temps des Ruches, on ne les tuait pas toujours. Mais on la stériliserait sûrement.

« Quelles chances que l’enfante soit normale, – Kélys ? » dit Tula. Elle ne semblait ni incrédule ni accablée.

Kélys réfléchit un moment, les sourcils froncés : « Les Lignées sont compatibles, autant que je me rappelle », dit-elle enfin d’une voix un peu étouffée. Elle releva la tête, son regard croisa celui de Lisbeï. Pensait-elle à Sylvane, elle aussi ?

« Nous avons eu la Maladie toutes les deux, moi et Toller, lui rappela Lisbeï.

— Si l’effet pour vous est une fertilité à retardement d’une part, et de l’autre un prolongement de la fertilité, dit Kélys comme à regret, ce ne sera pas forcément au détriment de l’enfante.

— Tu veux voir le résultat », dit Lisbeï, avec une intonation délibérément neutralisée.

Kélys ne put retenir un tressaillement. Son visage noir se brouilla, elle fit un effort perceptible pour ne pas détourner les yeux. « Tu as dit que tu voulais la garder, dit-elle. Si tu veux la garder, alors oui, j’aimerais savoir comment elle sera. » Elle sembla se reprendre, ajouta d’une voix douce, teintée d’un léger reproche : « Pas toi ? »

Lisbeï finit par incliner la tête. Elle avait failli répliquer : « Mais ce n’est pas pour ça que je la garderais. Si on le lui avait demandé ensuite, elle aurait été incapable d’expliquer pourquoi elle tenait à garder cette enfante. En répondant à Tula, elle avait obéi à une impulsion sans en comprendre l’origine. C’était aussi évident et aussi inexplicable qu’une intuition.

« Kélys a raison, dit Tula, tu ne peux pas l’avoir ici.

— Je connais un coin tranquille », dit Kélys. Antoné sortit enfin de sa stupeur : « Mais ensuite, quoi ? »

Tula s’approcha de Lisbeï, lui mit les mains sur les épaules. Elle était calme, résolue : « Tu te rends compte des conséquences, Lisbeï, si tu veux la garder ? Toutes les conséquences ? »

Lisbeï, prise dans cette force soudaine de Tula, hocha la tête.

« Tu ne peux pas la garder avec toi et être sa mère ici. Nulle part, en fait, dit Tula, pour les autres, pour elle-même aussi sans doute.

— À Angresea…, dit Antoné d’une voix hésitante.

— Non, dit Lisbeï – encore une certitude dont elle ignorait la source.

— Non, approuva Tula. Mais ici, oui. Je peux faire une autre enfante cette année avec Gloster. En fait, si je suivais l’ancienne coutume, je devrais le faire. Personne ne trouvera tellement curieux que j’y revienne, sans doute, même si c’est la seule fois : j’aime bien Mikal. »

Lisbeï resta interdite, puis protesta : « Mais tu ne vas pas vraiment…

— Non, je ferai semblant d’être enceinte, pour que ce soit vraisemblable. Mikal ne posera pas de questions. Un petit mois de différence, ça ne se remarquera pas tellement.

— Tu veux dire… la prendre comme ta fille ? dit Mooreï.

— Il n’y aurait pas tellement de différence pour les Lignées, non ? Lisbeï aurait dû procréer avec un Angresea de toute façon.

— Exact, dit Antoné, qui s’habituait à l’idée. On n’aurait même pas à stériliser l’enfante, en fait. » Elle se rembrunit, ajouta plus bas. « Si elle vit. Et si elle se révèle fertile. »

Dans le silence, Lisbeï sentit que chacune examinait l’histoire proposée par Tula et s’y adaptait. D’une façon lointaine, elle s’étonna un peu du fait que personne ne semblait songer à la rejeter. Mais elle-même, dès la première allusion de Tula, l’avait vue se déployer d’un seul coup, cette histoire, complète, évidente, aussi réelle que si elle était déjà arrivée. Elle savait même déjà quel nom aurait l’enfante : Yémen, celui que Tula donnait, à la garderie, à la fille que Lisbeï recevait d’elle.

Chroniques du Pays des Mères
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